Free : 300 000 mobiles de location bloqués suite à une certaine permissivité sur les conditions de location

Nous vous rapportions en début de mois que Free avait lancé une campagne de blacklistage de mobiles pris en location et qui n’ont pas été restitués, provocant un blocage de terminaux chez des personnes ayant acheté un mobile d’occasion, il y a de ça plusieurs années parfois.

Selon les derniers chiffres, Free aurait blacklisté 300 000 téléphones environ. Au début de cette affaire, il était indiqué que les téléphones bloqués étaient des locations non retournées à la fin du contrat, sans règlement des frais de non restitution (en cas de perte par exemple). Mais cette affaire est un peu plus compliquée.

Selon le groupe Facebook Free m’a blacklisté, les clients auraient acheté, de bonne foi, des téléphones -parfois neufs, parfois déjà utilisés – dont la location avait débuté seulement quelques mois plus tôt sans forcément le savoir. De fausses factures étaient utilisées ou alors l’acheteur se contentait du bon de livraison ou de commande.

Des acheteurs prenaient une location chez Free, payaient une ou plusieurs mensualités et revendaient les smartphones en bloquant les prélèvements,  réalisant ainsi une belle plus-value. D’autant que le téléphone n’était pas bloqué par Free suite à cela : les acheteurs des mobiles de seconde main ont pu les utiliser pendant quelques années pour certains, jusqu’à 4 ans selon nos constatations. D’autres l’auraient utilisé comme une sorte de crédit en continuant de payer la location mensuelle mais en refusant de payer les frais de non restitution à l’issue des deux ans.

Il existe également des vendeurs qui avaient contacté Free à l’issue de la période de 24 mois de location pour savoir comment faire pour garder le téléphone plutôt que de le rendre, il leur aurait été conseillé par des employés de Free de payer ces frais de non restitution et de garder le téléphone. Chose faite, ils ont gardé le téléphone ou l’ont revendu ensuite sans se douter un seul instant que le téléphone allait être bloqué ensuite.

Pis encore, des enseignes comme Cash Converter ont pu racheter de tels téléphones car même en cherchant avec son IMEI, le numéro unique d’identification du téléphone, il n’était pas considéré comme volé ni bloqué.

Si les clients de Cash Converter ont pu bénéficier d’un geste de la part de l’enseigne, qui a échangé les téléphones blacklistés par un modèle identique ou équivalent, il n’en est rien des acheteurs qui sont passés par Le Bon Coin ou via les annonces Facebook par exemple. Ceux-ci n’ont pas eu d’autre choix que de porter plainte et espérer que le vendeur n’ait pas donné une fausse identité.

Free était donc parfaitement au courant de ces agissements et laissait faire, peut être à cause d’un manque de moyen pour récupérer les téléphones, mais depuis, l’opérateur a visiblement fait évoluer ses pratiques et déclarait lors de ses derniers résultats financiers – publiés moins de 2 semaines après le début des blocages – que « le chiffre d’affaires terminaux [était] en retrait de 16% sur le trimestre, en raison d’une politique commerciale plus stricte sur les offres de location ».

Même si on pourra reprocher à l’opérateur son manque de réactivité, Free est parfaitement dans son droit de demander le blocage, mais un tel volume en si peu de temps est une première au niveau mondial (les opérateurs traitent normalement quelques centaines de demandes par mois). En pratique, Free a transmis tous les numéros IMEI à la GSMA qui a ensuite envoyé les informations à tous les opérateurs français. Ces derniers ont réagi plus ou moins rapidement et les cartes SIM de Bouygues Télécom ont continué à fonctionner pendant 2 à 3 semaines.

Les smartphones sont inutilisables en France et Free, contacté par les clients lésés, ne semble pas vouloir débloquer les smartphones, même si ceux-ci paient les mensualités restantes dues.