CANAL+ s’attaque à la chronologie des médias
En France, les diffusions des films sur les chaînes et les plateformes sont régies par la chronologie des médias. Le Gouvernement cherche à la revoir, au profit des sites de streaming légaux, au grand dam de CANAL+.
CANAL+ est sur tous les fronts en ce moment pour se faire entendre. Tout d’abord avec la TNT et la menace de ne pas y rester puis avec le football et la menace de ne pas enchérir sur les droits, voilà que la chaîne cryptée menace le monde du cinéma.
Le groupe audiovisuel a contesté devant le Conseil d’Etat l’ordonnance qui transpose la directive Services de médias audiovisuels (SMA), selon Le Figaro. Une solution devait être trouvée par les différentes parties prenantes dans les six mois donc d’ici le début de l’été, mais la date a été avancée et se situe maintenant au 31 mars.
Un délai très raccourci qui n’est pas du goût de CANAL+ alors que l’accord actuel doit normalement courir jusqu’à la fin de l’année prochaine. Il faut dire que l’enjeu est capital pour la chaîne, qui pourrait perdre énormément d’argent voire d’attractivité.
En effet, avec la nouvelle directive, les plateformes telles que Netflix, Prime Video ou Disney+ pourraient diffuser des films 12 mois après leur sortie en salle, contre 36 mois auparavant. Un changement radical qui remet en question le modèle de CANAL+ qui peut diffuser les films 4 à 6 mois après leur sortie.
Si la différence devenait à ce point minime, les abonnés pourraient vouloir patienter un peu pour profiter directement des nouveautés cinéma sur une plateforme américaine et non plus sur la chaîne cryptée.
D’autant plus que ces plateformes ne sont pas soumises aux mêmes conditions que CANAL+. En tant que chaîne de la TNT, elle doit investir 12,5% de son chiffre d’affaires ou au moins 3,61€ par abonné pour le préachat de films.
Les sites de streaming eux doivent investir 20% de leur chiffre d’affaires en France mais seul 20% de ce montant doit être réservé au cinéma, ce qui représente bien moins que le montant imposé à la chaîne française avec seulement 4% au final.
Quitter la TNT ?
De là, il resterait deux options pour CANAL+ : demander une réduction de la fenêtre de diffusion ou tout simplement quitter la TNT. Une menace qui avait déjà été brandie lors du renouvellement des fréquences en fin d’année dernière.
La chaîne pourrait ainsi devenir elle aussi une plateforme à part entière et ne plus être soumise aux obligations actuelles, ce qui pourrait faire perdre une importante somme d’argent au cinéma qui est déjà en mauvaise posture à l’heure actuelle étant donné la fermeture des salles depuis plusieurs mois.
De plus, CANAL+ serait soumis à un autre dilemme s’il se transformait en plateforme de vidéos à la demande par abonnement. Elle serait également soumise à une TVA plus élevée qu’actuellement, 20% au lieu de 10% selon Les Echos, mais la chaîne est avantagée puisqu’elle a déjà ses entrées sur les décodeurs des opérateurs, des accords sont signés depuis de nombreuses années et si la quatrième chaîne change de canal sur les box, il faudra seulement que les abonnés se souviennent du nouveau canal, d’autant plus que les téléspectateurs sur la TNT représentent seulement une toute petite part actuellement.
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