Les groupes de cinéma et de télévision français sont en complet désaccord avec les plateformes de streaming comme Disney, concernant la chronologie des médias, une exception française.
Pour rappel, le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) avait donné jusqu’au 1er juillet aux groupes de cinéma et de TV français ainsi qu’aux plateformes de streaming, pour parvenir à un accord sur une nouvelle réglementation. Mais les négociations n’ont malheureusement pas encore abouti.
A l’origine, l’objectif était de définir de nouvelles fenêtres de diffusion, qui viendraient compléter les règles de la directive actuelle qui fixe des quotas de contenu pour les plateformes de streaming en Europe.
Or aucun accord n’a été trouvé et les chaînes françaises (en clair) demandent une fenêtre exclusive d’un mois sur les films qu’elles acquièrent auprès des studios tels que Disney. Cela veut dire que les plateformes devraient retirer temporairement un film de leurs services, pendant le mois où il sera diffusé à la TV française.
Pour Manuel Alduy, responsable du cinéma et du développement international à France Télévisions : « Les chaînes gratuites en France réclament une fenêtre d’exclusivité pour les plus grands films américains et si nous ne la demandons pas, les diffuseurs perdront définitivement l’accès à ces films ». Et d’ajouter : « Nous sommes dans le troisième wagon, deux ans après la sortie en salles, derrière les chaînes de télévision payantes et les plateformes de streaming, et nous demandons une petite fenêtre ».
Disney menace de déserter les cinémas français
Mais Disney n’est pas du tout sur la même longueur d’onde, comme le souligne Variety. D’après certaines sources, le studio envisage d’abandonner complètement la sortie en salles françaises, et de sortir ses films directement sur sa plateforme Disney+ pour pouvoir éviter d’être soumis à la chronologie des médias.
Le PDG de Pathé, Ardavan Safaee, a quant à lui déclaré qu’il s’agissait d’une « situation préoccupante » : « Si certains grands films américains sautent la sortie en salles en France, cela impactera tout le monde, y compris le secteur du cinéma indépendant français, qui profite des entrées vendues pour ces blockbusters américains ».
L’accord entre les différents acteurs n’est donc pas près d’être trouvé. Il faut rappeler qu’aux Etats-Unis, la fenêtre maximale entre une sortie au cinéma et sur les plateformes de SVOD est de 45 jours. Les autres pays dans le monde tendent de plus en plus à suivre ce modèle, d’autant plus que les films américains représentent 70 à 80% du box-office dans la plupart des pays. Mais en France, les films américains représentent moins de 50% des entrées en salles. Une source indique par ailleurs auprès de Variety que perdre les films de Disney correspondrait à une perte de 50 millions d’entrées par an.
De son côté, CANAL+ demande une fenêtre de 4 mois plutôt qu’une fenêtre de 6 mois qui avait été proposée lors des négociations, pour les films après leur sortie au cinéma. Le groupe s’oppose aussi à ce que les plateformes de streaming accèdent aux films 12 mois après leur sortie en salles, car cela poserait problème avec leur fenêtre actuelle qui est de 9 mois. Pour CANAL+, ces plateformes investissent trop peu par rapport à leurs revenus, et devraient avoir une fenêtre de 15 mois au lieu de 12.
Reste maintenant à trouver un accord entre les différentes parties, ce qui ne semble pas prévu pour tout de suite…
