Fibre : il manquerait des milliards d’euros pour terminer le chantier
La fin du chantier fibre en France s’annonce très compliquée. D’après plusieurs acteurs de la filière, le 100% ne sera pas atteint en 2025 comme le veut le Plan France THD, la faute au budget pour y parvenir auquel il manque plusieurs milliards d’euros.
Depuis près d’une décennie, les acteurs de la filière redoublent d’efforts pour raccorder les habitants à la fibre optique qui est plus rapide et stable que l’ADSL. Au 31 mars 2024, 87% des locaux y sont raccordables, soit 38,7 millions de locaux et parmi eux, 22,2 millions sont abonnés à une offre fibre d’après les derniers chiffres de l’Arcep.
Mais depuis plusieurs trimestres, le rythme du déploiement ne cesse de ralentir, si bien que les acteurs de la filière s’inquiètent pour la réalisation du Plan France THD qui prévoit le raccordement de tous les français à la fibre d’ici fin 2025. C’est le cas de l’Avicca (Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel) dont le directeur général Ariel Turpin avoue avoir « repoussé le mur » jusqu’ici mais qu’il « va être difficile de l’éviter désormais ».
Le 100% fibre ne serait pas atteint en 2025
Comme il l’a déclaré au Figaro, le plan gouvernemental est en train de caler bien que des investissements colossaux y aient été consacrés. D’après France Stratégie, 35,7 milliards d’euros ont été investis pour raccorder les français à la fibre à ce jour. Et malgré cette somme astronomique, il manquerait plusieurs milliards d’euros pour achever le chantier fibre en France.
Il faut dire que les dernières prises à installer sont les plus complexes, ce qui explique en partie la baisse du rythme du déploiement, mais elles sont aussi les plus coûteuses et nécessitent alors des investissements supérieurs à ceux des prises précédentes. De plus, les récentes décisions du gouvernement de réduire le budget consacré au très haut débit de plus de 150 millions d’euros — qui ont d’ailleurs provoqué la colère de plusieurs associations dont InfraNum et l’Avicca — ne font qu’aggraver la situation pour la filière. Ces acteurs accusent le gouvernement d’abandonner son ambition de raccorder tous les français à la fibre d’ici deux ans.
Et comme si cela ne suffisait pas, Orange a dernièrement revu à la baisse ses engagements dans les communes de la zone AMII dans lesquelles il s’est engagé à raccorder tous les habitants à la fibre en construisant son propre réseau, via l’accord signé en mars avec l’Etat. Pour le gouvernement, cet accord permet pourtant de relancer le chantier dans ces communes qui ont été délaissées ces derniers mois.
L’Arcep se réjouit toutefois de la signature de cet accord et sa présidente, Laure de La Raudière, a indiqué au Figaro qu’elle exige qu’Orange et SFR rendent 600 000 locaux raccordables à la fibre d’ici le 31 décembre 2025, sous peine d’amende.
440 000 cas complexes
Néanmoins, cela ne résout pas le problème des prises les plus complexes à installer. D’après InfraNum, il y aurait 440 000 cas complexes qui représenteraient à eux seuls un coût de 1,3 milliard d’euros. Pour Philippe Le Grand, le président de la fédération, cela représente un investissement allant jusqu’à 3 000 euros par prise, une somme bien trop importante qui ne doit pas être à la charge des particuliers.
Or, la situation commence à presser car Orange va fermer son réseau cuivre en France d’ici 2030, les foyers non raccordés à la fibre se retrouveront alors sans internet chez eux (hormis via les réseaux mobiles 4G/5G). Et pour la question de qui doit payer ces milliards d’euros qui manquent, les acteurs se renvoient la balle avec d’un côté les collectivités qui accusent le gouvernement d’avoir jeté l’éponge et de l’autre Bercy qui accuse les opérateurs, notamment Free, de ne pas soutenir le plan France THD.
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