Fermeture du cuivre : Xavier Niel dénonce le manque d’ambition d’Orange et la hausse du tarif de dégroupage

Durant son audition devant le Sénat ce mercredi 22 mars, Xavier Niel, le patron de Free, a haussé le ton face au plan de fermeture du réseau cuivre d’Orange, qu’il juge bien trop lent. Il en profite pour critiquer que la hausse du tarif de dégroupage qui profitera à l’opérateur historique et qui explique la lenteur du processus de fermeture du cuivre.

D’ici le 31 janvier 2026, plus aucun opérateur ne pourra commercialiser d’offres internet en ADSL. Et d’ici 2030, Orange fermera totalement son réseau cuivre vieillissant sur l’Hexagone. Mais avant cela, il faudra veiller à la transition de l’ADSL vers la fibre, et cela ne sera pas de tout repos pour les acteurs de la filière.

Et si le calendrier de fermeture de l’ADSL a été validé par l’Arcep, il ne passe pas pour tout le monde. C’est le cas de Xavier Niel, le patron de Free, qui lors de son audition devant la Commission des affaires économiques du Sénat ce mercredi 22 mars n’a pas mâché ses mots concernant le plan de fermeture du cuivre d’Orange.

Un plan de fermeture « pas assez ambitieux »

Il commence par avancer que l’opérateur historique n’est « pas assez ambitieux » à travers la fermeture de son réseau cuivre datant de 50 ans. Selon lui, « la fermeture en volume technique commencera trop longtemps après la fermeture commerciale ».

Il faut dire que 5 ans s’écouleront entre la fermeture commerciale et la fermeture effective du réseau, ce qui pour le magnat des télécoms est « une erreur globale pour la France de laisser 5 ans entre le moment où on annonce fermer une zone et la fermer réellement ».

Xavier Niel ajoute ne pas comprendre pourquoi Orange est dans l’incapacité de fermer rapidement le réseau xDSL dans les grandes villes où la fibre est déjà disponible pour la quasi totalité des habitants. C’est pourtant l’argument principal pour permettre la fermeture de l’ADSL dans une commune : la disponibilité de la fibre optique pour la quasi totalité voire la totalité des habitants.

La hausse du tarif de dégroupage passe mal

Mais pour le fondateur de Free, l’étendue du plan de fermeture n’est en réalité qu’un moyen pour Orange de renflouer ses caisses en profitant de la hausse du tarif de dégroupage, qui a été actée le mois dernier.

Bouygues Telecom, Free et SFR vont en effet devoir payer 10,04€ par ligne ADSL louée à Orange contre 9,65€ auparavant, soit une hausse de 0,39€ par ligne. Cela représente un montant conséquent pour ces opérateurs mais une aubaine pour l’opérateur historique qui compte vraisemblablement en tirer profit en faisant traîner le plus possible la fermeture du cuivre.

Pour Xavier Niel, la hausse du tarif de dégroupe n’est qu’une « formidable rente de situation pour Orange avec une technologie obsolète » qui ne va pas motiver l’opérateur à fermer son réseau au plus vite. Il ajoute aussi que ce tarif n’a pas augmenté chez nos voisins de l’UE, ce qui est anormal à ses yeux.

Free demande le report de l’application de la hausse du dégroupage

Pour ces nombreuses raisons, Xavier Niel demande aujourd’hui à ce que la hausse du dégroupage ne soit appliquée qu’un an avant l’arrêt du réseau cuivre, et non pas cinq ans avant comme cela a été décidé par le régulateur des télécoms.

Faire cela empêchera l’opérateur historique de « garder le cuivre plus longtemps, voire d’augmenter les tarifs » car il envisage d’augmenter le tarifs des offres DSL pour inciter les foyers réticents à passer à la fibre optique. Ce qui serait là aussi une erreur selon Xavier Niel qui considère que « le seul moyen constaté selon des études, c’est l’extinction du cuivre » pour assurer le passage du DSL vers la fibre.