Orange Vs Canal+: bientôt la paix ?

Dans son édition du 11 novembre, le magazine Challenge consacre 3 pages sur la stratégie de Canal+. Le magazine en profite pour revenir sur la bataille qui oppose Orange et la chaîne cryptée. En effet, depuis maintenant plus d’un an, les deux groupes n’ont cessé de s’envoyer des piques assassines, par presse interposée. A l’heure des fêtes, la paix serait-elle entrain de se dessiner? Canal a récemment fait un pas dans ce sens, en expliquant au CSA qu’il ne s’opposait nullement à la reprise de Canal+ (en clair) et I>Télé (voir notre article) sur Orange Tv via le satellite.

Voici un extrait du N°148 du magazine Challenges:
« Tout irait pour le mieux si ne subsistait la confrontation avec Orange. Quoi qu’il en dise, Bertrand Meheut (PDG de Canal+) a été déstabilisé. « Il ne l’attendait pas si vite, confie un syndicaliste. Il comptait avoir deux ou trois ans devant lui pour rabaisser les prétentions des détenteurs de droits et se mettre en ordre de bataille. »

Mais Didier Lombard, PDG de l’opérateur, ne l’a pas attendu. Grand partenaire de TPS, Orange n’a pas supporté de voir certains accords non reconduits. « Canal a gardé du temps du monopole une propension à pressuriser ses « partenaires », plutôt qu’à les associer, dit-on chez un opérateur. Ils ont mésestimé le volontarisme d’Orange. »

Sans se déclarer prédateur, le géant des télécoms est venu braconner sur les chasses gardées du leader de la télévision payante: il a créé sa propre chaîne d’information sportive, son studio de production cinéma, a ravi un match premium de foot de la L1 et un contrat exclusif avec les studios Warner et HBO. Il a lancé deux offres payantes de foot et de cinéma… réservées à ses 6 millions d’abonnés triple play.

Depuis, Canal+ crie à la concurrence déloyale. Orange utiliserait sa position d’ancien monopole toujours dominant dans les télécoms pour venir le déstabiliser dans la télévision payante. L’opérateur pratiquerait la vente à perte en surenchérissant sur des contenus exclusifs qu’il ne peut espérer rentabiliser, et la vente liée en utilisant le foot et le cinéma comme appâts pour enfermer les clients dans les filets de son service triple play.

A y regarder de plus près, en dehors de lui faire de l’ombre à Cannes, à Deauville ou danc les stades de province, Orange n’a pas entamé la suprématie de Canal+. Ce dernier a même profité de l’intrusion de l’opérateur dans le foot: en partageant, sa facture annuelle a baissé de 140 millions d’euros. Et même si Xavier Couture plaide la patience, les abonnés d’Orange foot ne se comptent qu’en dizaine de milliers, ce qui est au-dessus des objectifs fixés en interne.

Certes, France Télécom est un mastodonte avec ses 53 milliards de chiffre d’affaires et ses 11 milliards de profit d’exploitation en 2007, mais en fin de compte, le budget consacré à l’achat de contenus n’a pas dépassé 400 millions d’euros en 2008. L’opérateur est surtout dangereux par sa maîtrise des réseaux, qui lui permet d’innover dans les formats et services sur les trois écrans de la télé, de l’ordinateur et du mobile. Mais l’enjeu est plus lointain.

D’ici la, le duo aura sûrement réfléchi au beau potentiel d’un partenariat entre le leader des contenus et celui des réseaux. Après les échanges belliqueux, le ton a baissé au point qu’on entend presque de mutuels et discrets appels du pied. Meheut et Couture pourraient finir par échanger des gentillesses par presse interposée.

Et pourquoi pas un jour un partenariat entre le leader des contenus, Canal+, et celui des réseaux, Orange?«