Didier Lombard, l’ancien patron de France Télécom poursuivi pour harcèlement moral

Les juges d’instruction ont décidé de traîner en justice Didier Lombard, l’ancien numéro un de France Télécom.

L’ancien patron devra répondre des accusations de harcèlement moral auprès du tribunal correctionnel de Paris. En effet, l’entreprise avait été le théâtre d’une vague de suicides sans précédent au cours des années 2000 sous sa direction.

Six autres cadres supérieurs de France Télécom (renommé Orange depuis 2013) feront également face aux juges dans cette affaire. Le groupe Orange sera représenté en tant que personnalité morale.

Un bilan alarmant

Durant la présidence de M. Lombard, France Télécom s’était engagé à réduire ses effectifs en appliquant le « Plan Next ». Celui-ci préconisait la suppression de 22 000 emplois et la réorientation de 10 000 autres.

Résultat : le groupe n’avait jamais connu autant de suicides depuis son existence au point d’inquiéter au plus haut point l’inspection du travail et la direction de l’époque avait relégué le plan « Next » aux oubliettes dès l’année 2009.

En 2010, le bilan de l’enquête mené par les juges a pointé du doigt le mode de restructuration et le management du groupe dans son rapport. Plus inquiétant, celui-ci signale également le fait que personne n’a pris en compte les alertes lancées par les médecins à l’époque.

D’après les syndicats du groupe, la période 2008 et 2009 a enregistré à elle seule un nombre de suicides s’élevant à 35.

Le CFE-CGC en partie civile

Le syndicat CFE-CGC se constituera partie civile lors du procès qui devrait avoir lieu durant le deuxième semestre 2019. Si le CFE-CGC se félicite de cette décision, il regrette toutefois que le chef d’homicide involontaire n’ait pas été retenu par les juges.

Didier Lombard est aujourd’hui à la retraite. Son avocat n’a émis aucun commentaire pour le moment.

En revanche, sollicité par Reuteurs, le porte-parole du groupe Orange rejette ces accusations. Selon lui, l’opérateur historique sera prêt à défendre sa position lors des prochaines audiences. Il a rappelé, au passage, l’importance du respect de la présomption d’innocence jusqu’à la prononciation du verdict.