La vente de La Poste Mobile bloquée en raison d’un désaccord entre SFR et La Poste

SFR et La Poste ne s’accordent pas sur la séparation des 950 millions d’euros que Bouygues Telecom est prêt à payer pour acquérir La Poste Mobile. SFR veut en obtenir trois quarts tandis que La Poste veut suivre les parts du capital pour la répartition.

Après une forte croissance et un pari réussi dans les télécommunications, le groupe La Poste a décidé de vendre son opérateur La Poste Mobile. Il est le cinquième opérateur en France en termes de nombre d’abonnés avec plus de 2,3 millions de clients, derrière Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free.

Le mois suivant, Bouygues Telecom est entré en négociations exclusives avec La Poste et SFR, les deux actionnaires de l’opérateur virtuel, pour le racheter pour 950 millions d’euros. Mais le processus de vente accuse du retard en raison d’un désaccord entre les deux actionnaires et est même à l’arrêt aujourd’hui.

Au mois de mai dernier, Bouygues Telecom accusait déjà le retard du processus en raison de divergences entre les deux actionnaires, divergences que l’on connaît plus en détail aujourd’hui et qui ne semblent pas trouver d’issue.

Une vente peu rentable pour SFR

Même si pour SFR la vente de ses 49% dans La Poste Mobile représente une forte entrée de cash lui permettant de rembourser sa dette colossale, l’opérateur au carré rouge ne semble pas apprécier le fait que ce soit un de ses concurrents qui soit sur le point d’acquérir un nouvel opérateur virtuel, ce qui viendra nettement gonfler son parc clients mobile.

Sans compter le loyer que fait payer l’opérateur de Patrick Drahi à La Poste pour l’utilisation de son réseau qui est une rentrée d’argent considérable et stable qui s’élève à plusieurs dizaines de millions d’euros par an, révèle Le Monde. Le média ajoute que SFR aurait souhaité profiter de ce loyer au-delà de 2026, date à laquelle le contrat doit être renouvelé, mais c’est finalement Bouygues Telecom qui en héritera après avoir fait un offre bien plus généreuse qu’Orange et Free qui s’étaient portés candidats au rachat.

De son côté, La Poste souhaite profiter de la bonne santé de son opérateur pour tirer le meilleur profit de la vente de ses 51% du capital, après que le groupe s’est lancé dans le marché il y a dix ans et fait son premier bénéfice fin 2023. L’argent récolté de la vente lui permettra notamment de poursuivre la transformation de son activité dans le courrier.

SFR veut trois quarts des 950 millions d’euros

Mais au-delà de ces éléments, les deux actionnaires de La Poste Mobile ne s’entendent pas sur la répartition des 950 millions d’euros que versera Bouygues Telecom. La Poste estime qu’il est logique que la répartition se fasse suivant les parts du capital, à savoir 51% pour lui et 49% pour SFR, mais l’opérateur veut faire autrement et en obtenir une plus grosse part.

Pour cela, il affirme que la valeur de La Poste Mobile provient du contrat télécoms et qu’il est donc plus légitime qu’il obtienne trois quarts de la somme, près de 700 millions d’euros, et que La Poste ne se retrouve qu’avec le quart restant, soit près de 300 millions d’euros.

La Poste jouerait sur la fragilité financière de SFR pour prendre le dessus et le léser, selon l’opérateur. Reste à voir comment les négociations se dérouleront ces prochaines semaines et si la vente finira par se concrétiser d’ici la fin de l’année.